La Dempster franchit le cercle polaire arctique, et relie la Klondike Highway dans le Yukon, à Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO), ville située dans le delta du fleuve Mackenzie : la Klondike Highway relie Skagway en Alaska, à Dawson City au Yukon ; elle est longue de 705 km ; son tracé est pratiquement parallèle à la route empruntée par les prospecteurs, en 1898, au moment de la Ruée vers l’or du Klondike. Elle débute environ à 37 km au sud de Dawson City, et s’étend sur 736 km jusqu’à Inuvik. C’est la Route 5 au Yukon et la Route 8 aux Territoires du Nord-Ouest Pendant l’hiver, elle est prolongée de 194 km jusqu’à Tuktoyaktuk sur la mer de Beaufort, en utilisant des portions gelées du fleuve Mackenzie (ice road). Une histoire tragique est à l'origine de cette route
Aux origines du raid sur la Dempster Highway
Un onzième séjour différent
Après dix séjours d’un mois au Canada (quatre fois au Québec et en Ontario ; trois fois dans les Rocheuses ; deux fois sur la Côte pacifique, l’île de Vancouver, l’archipel Haida Gwaii ; une fois au Yukon), nous avions le choix, au risque de refaire pareil, entre la Prairie (Manitoba, Saskatchewan) ou le Grand Nord. Eh bien, nous avons été happés par les régions arctiques !
Rien n'arrive par hasard
Il faut dire qu’à deux reprises, nous avions été titillés par cette destination.
La première fois, c’était dans les Rocheuses : les survolant en avion à basse altitude, nous avions vu d’en haut le glacier de l’Athabasca, là où nous avions pu explorer le champ de glace après avoir été véhiculés par un bus à chenilles ; nous avions dormi au bord de la rivière Athabasca avant de faire du rafting ; nous avions vu un grizzli traverser cette rivière à la nage ; et nous ne pouvions pas nous empêcher de rêver : la rivière Athabasca, le lac Athabasca, la rivière des Esclaves, le grand lac des Esclaves, le fleuve Mackenzie et son delta, la mer de Beaufort, l’océan glacial Arctique …, d’autant plus, que les panneaux d’interprétation dans les Rocheuses nous distillaient un message sur l’inconstance des choses : après les plissements ayant donné lieu à la formation des montagnes, l’érosion et l’usure du temps auront raison de ces reliefs insolents et leurs constituants se retrouveront, un jour lointain, charriés par la force des rivières et des fleuves, au fond des océans !
La deuxième fois, c’était au retour d’Alaska, par la route dénommée « The top of the world », entre l’Alaska et le Yukon, et que nous avions croisés, au sud de Dawson City, sur la Klondike Highway, l’embranchement de la Route 5 avec son chien de traîneau comme logo, indiquant les destinations de Fort McPherson et d’Inuvik, sans savoir qu’il s’agissait de la Dempster Highway.
Quitte à aller dans l’Arctique canadien, il ne fallait pas lésiner
Aussi, ce voyage d’un peu plus d’un mois, engloberait le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon. Et c’est comme cela que nous nous sommes retrouvés sur la Dempster !
La Dempster Highway
Se frayant un chemin dans la nature sauvage du Nord canadien, la Dempster suit vaguement de vieilles routes de piégeage et de traîneaux à chiens.
Elle longe la frontière ouest de la chaîne Tombstone et traverse deux chaînes de montagnes : les monts Olgivie et les monts Richardson. En trois endroits, elle franchit la ligne de partage des eaux qui sépare la zone de drainage de l’Arctique et du Pacifique. Plus au nord, elle traverse les rivières Peel et le fleuve Mackenzie, puis longe le delta qui draine plus de 20% du système hydrographique du Canada.
Faire la Dempster, c’est une expérience unique, un véritable raid, comme le Paris-Dakar ancienne ou nouvelle formule.
C’est une route panoramique, comme l’Icefield Parkway dans les Rocheuses canadiennes, faisant découvrir des paysages grandioses, loin de tout, alternant, du Sud au Nord, des montagnes rocheuses, des forêts boréales, des plaines, puis la toundra, un pays plat sans arbre, menant au désert arctique. C’est une route qui permet à certains voyageurs, d’aller au bout de leur rêve : passer le cercle polaire, puis atteindre l’océan glacial Arctique, l’hiver sur une route de glace à partir d’Inuvik, les autres saisons en avion d’Inuvik à Tuktoyaktuk. Mais elle n’est pas pour tout le monde : il faut avoir un certain goût du risque et être bien préparé pour répondre aux difficultés de la route : véhicule en parfait état de marche, réserve d’essence et de vivres, capacité à bien réagir en cas de panne ou d’accident ; il faut anticiper que l’on sera tout seul, parfois à des centaines de kilomètres de tout ; dès qu’on s’est familiarisé avec les camions qui soulèvent des nuages de poussière et projettent des cailloux, la Dempster, s’avère être l’aventure sur une route sauvage, dans une nature qui était encore vierge il ya seulement quelques décennies : un véritable raid durant au moins deux journées, à raison de dix à douze heures de conduite par jour, avec une étape obligatoire à Eagle Plains, pour se restaurer, dormir et surtout faire le plein de carburant.
La Dempster Highway autrement : d’Inuvik à la Klondike Highway
L’usage est de faire la Dempster du sud vers le nord, c’est-à-dire de la Klondike Highway jusqu’à Inuvik.
Pour des raisons de logistique, venant en avion du Nunavut ( Qikiqtarjuaq, Pangnirtung, Iqualuit, Rankin Inlet ), puis des Territoires du Nord-Ouest ( Yellowknife, Inuvik ), nous avons donc fait la Dempster, dans l’autre sens, du nord vers le sud, ce qui ne change rien, sauf peut-être l’absence d’exaltation d’arriver en Arctique.
Pour la localisation, le long de la Dempster, nous garderons les repères kilométriques classiques, en égrenant les distances depuis le départ sur la Klondike Highway.
La localisation des différents centres d’intérêt, s’inspire des nombreux guides disponibles et notamment du « Bell’s Travel Guide » (Alaska, the Yukon and Northern British Columbia).
Les photos seront prises depuis la route, à 180°, en regardant tantôt vers le nord, tantôt vers le sud.
Et maintenant, en route pour ce road trip inoubliable, sans oublier que nous sommes l’été, fin juillet, mais qu’à l’automne les couleurs vont virer au jaune, au rouge et au brun, et qu’à l’entrée de l’hiver le paysage sera tout blanc.